Photographe : Hoàng Quân Nguyên 
Le jeu, l’amour, l’art, l’imagination ou la connaissance offrent de magnifiques objets de désir, parce qu’ils induisent un plaisir dans le fait même de les viser, et non dans le seul but de les atteindre.
— Vincent Cespedes

Avec les pensées de tout le monde, penser comme personne. Si vous n’êtes plus vous, qui le sera à votre place ?
— Vincent Cespedes
Né en 1973 à Aubervilliers, en France, d’une mère d’origines hongroises et d’un père fils d’Espagnols d’Oran, dans l’Algérie alors française, Vincent Cespedes a grandi dans une famille qui faisait de l’épanouissement personnel l’alpha et l’oméga d’une vie réussie. Ses parents se rencontrent dans un cours de théâtre. Son père, comédien dans l’âme, est passionné de poésie et de psychanalyse, des beautés du monde et des philosophes Jiddu Krishnamurti, Spinoza ou Schopenhauer. Il peint sans relâche, expose sa vision tragique et émerveillée de l’existence à chaque repas et pose un œil critique sur les conformismes conduisant à des vies formatées et sans saveur. Sa mère mène un combat intérieur contre des non-dits familiaux mêlant une judéité meurtrie par la Shoah et une carence de mots d’amour. Divorcée quand Vincent a 5 ans, elle voyage tôt avec lui en Tunisie, en Sardaigne, et devient comédienne sur le tard, progressant sur les planches avec une rigueur professionnelle et une joie d’enfant retrouvée. 
Après des années de judo, Vincent découvre le kung-fu à Aix-en-Provence, où il séjourne de 13 à 15 ans. Il est initié par un maître coréen formé à Taiwan, puis à Paris, et devient vingt ans plus tard un expert d’arts martiaux chinois accompli, et même un cascadeur (Le Pacte des Loups, Christophe Gans, 1999). Parallèlement, il poursuit des études de composition musicale auprès de grands compositeurs contemporains (André Bon, François Narboni, Pedro Palacio) et des études de philosophie. Il obtient une Maîtrise de philosophie à La Sorbonne, passe les concours et devient professeur de philosophie (1997-2002). Durant ses années d’enseignement – où il initie également 50 élèves au kung-fu dans des cours du soir ! –, il commence à écrire et à peindre. Avec toute la fougue et la concentration dont il est capable. Cela donne son premier essai, unanimement salué par la critique – I Loft You (2001), sur la télé-réalité naissante et la crétinisation programmée –, ainsi que ses premiers tableaux. 
Sa série des « Vitrales » voit le jour : il s’y adonne au point de transformer son  appartement en atelier bariolé de couleurs, et de venir en cours les mains noires. Peignant à l’huile directement sur une vitre, jusqu’à se couper et mêler ainsi son sang à ses œuvres, il développe une technique unique, où la peinture est infiltrée, « spiralisée », raclée, pochée, rémanée. La peinture transparente laisse apparaître les couches ultimes, permettant des superpositions étourdissantes ; la peinture métallique (or, cuivre, bronze, argent) donne au tableau du répondant aux angles pris pour la contempler et à la lumière extérieure. 
Suivent des créations où des mots sont écrits directement sur les aplats que le couteau a taillé dans la peinture à l’huile, des œuvres où les couleurs sont comme sculptées et où la musicalité s’exprime « à l’endroit » (c’est-à-dire sur toile) et, depuis 2020, des créations numériques utilisant les nouvelles ressources des tablettes graphiques et de l’intelligence artificielle, comme avec ses collections Capsules et Clonades. Pour en savoir davantage sur sa philosophie de création, suivez la rédaction de son « Manifeste du clonart », et abonnez-vous à sa newsletter.